Emmanuelle Guattari publie son cinquième roman du côté du Mercure de France avec cette Rosa Panthère. Une fresque zoologique, poétique, romantique, bref, plutôt inclassable mais qui ne manque pas de faire s’envoler les sens par endroit. Lettres it be s’est plongé pour vous dans ce conte moderne où l’on dresse des canaris à la baguette puis où l’on disparaît sans nouvelle à l’autre bout du monde.
# La bande-annonce
« J’aime qu’on me regarde.
J’ai toujours aimé danser.
James savait faire toutes sortes de choses et il parlait aux bêtes. Les bêtes l’écoutaient, les oiseaux surtout l’écoutaient. Voici l’histoire de James tandis que je suis devenue Rosa Panthère. »
Cœur captif, prise dans les rets de l’amour, Rosa, dans le tic-tac des jours, rêve les exploits extravagants de son idole : James le dompteur de canaris, artiste lunaire et fantasque, qui a disparu dans le grand monde. Pourtant un secret lie à jamais Rosa et James.
# L’avis de Lettres it be
Le rapport au réel chez Emmanuelle Guattari est définitivement quelque chose d’intéressant. Rosa Panthère le démontre une fois encore. En effet, l’auteure n’est autre que la fille du psychanalyste et philosophe Félix Guattari, connu pour avoir régné toute sa vie sur la clinique de la Borde, un lieu célèbre dans le monde de la psychothérapie institutionnelle. Lorsque l’on grandit dans un tel milieu et que l’on évolue avec une telle filiation, difficile d’en réchapper et de ne pas conserver quelques heureuses séquelles. C’est pour cette raison, et assurément pour d’autres encore, que l’on retrouve dans les livres d’Emmanuelle Guattari toute une poésie qui confine parfois à la folie douce. C’est totalement fou, et pourtant c’est plutôt beau. Voilà une phrase qui pourrait résumer, à elle seule, le sentiment à la lecture de cette Rosa Panthère.
Nous sommes donc en présence d’une histoire d’amour, d’une poésie « cirquesque » , d’un roman sur l’éloignement et l’amour au-delà des kilomètres … Un fourre-tout diront certains, un pari osé servi par une écriture enlevée affirmeront d’autres. Toujours est-il qu’Emmanuelle Guattari trouve sa place dans une collection du Mercure de France qui, visiblement, aime à servir les auteurs à la poésie discrète, ces écrivains qui confèrent à la littérature plutôt classique toute la légèreté de la fiction onirique. Ce fut le cas avec Pique-nique de Camille Guichard et cela semble être encore de même ici.
Loin de se ranger du côté des Objets Littéraires Non Identifiés, ce Rosa Panthère n’en demeure pas moins une poésie romanesque qui flirte sans cesse avec un onirisme plutôt flou, toujours habillé d’un voile d’incertitude. Difficile en effet de percevoir une signification directe, si ce n’est en accédant à des niveaux de lecture où le concret s’estompe. Cependant, il demeure à l’esprit en tournant la dernière page de ce livre une agréable mais insondable sensation d’un moment de lecture prenant, captivante. La force la poésie. Sûrement…
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