La littérature est un voyage arrêté, une escale infinie. Hier en Allemagne, aujourd’hui en Provence, demain dans les Andes, sans broncher. Kei Miller, auteur jamaïcain déjà nominé pour le célèbre Phillis Wheatley Book Award, atterrit dans les librairies françaises avec L’Authentique Pearline Portious, un roman aux mille facettes brillamment édité par les éditions Zulma (un beau merci en passant). Lettres it be vous en dit plus sur ce voyage en 320 pages.
# La bande-annonce
Écoutez l’histoire d’une femme puissante… Adamine Bustamante vous dira peut-être qu’elle est née en Jamaïque dans une léproserie où sa mère tricotait des bandages arc-en-ciel parce que c’était plus beau. Où Miss Lily lui faisait la classe en lisant et relisant Jane Eyre. Où Mman Lazare, la vénérable gardienne des lieux, repoussa l’heure de sa mort jusqu’à ses cent cinq ans.
Deux voix se mêlent pour raconter toute l’histoire. La voix claire de l’écrivain venu de Londres réveiller la mémoire de l’authentique prophétesse. Et le souffle tellurique d’Adamine, livrant au vent sa version des temps où elle était la plus grande crieuse de vérité de Jamaïque. Leurs vérités se répondent, se retoquent, tissant peu à peu la carte de filiations plus secrètes…
# L'avis de Lettres it be
Gratte-Papyé, Ada Bustamente, une léproserie en Jamaïque, une petite fille qui coud des bandes arc-en-ciel … Le dépaysement est total et l’onirisme est doux dans ce premier roman sorti de la plume de Kei Miller et traduit en français. La brillante traduction effectuée par Nathalie Carré confère au roman tout le charme de sa version originale, dans un français qui fleure délicatement l’ailleurs. Et l’histoire se met en place, doucement, subtilement, malgré la gravité qui s’installe çà et là entre les lignes de ce roman.
C’est la voix d’Adamine Bustamante qui est au centre de cette histoire. Une voix qui naviguera entre Pearline Portious, entre une mère éphémère trop vite envolée, entre cette léproserie jamaïcaine et bientôt entre la Perfide Albion. Crieuse de Vérité ici, folle à lier là-bas. Kei Miller met en exergue des sociétés différentes, qui s’opposent sur un mode de vie, sur un rapport au monde qui nous entoure. Le thème de la folie est justement et savamment mis en question, comme Olivier Bourdeaut pu le faire dans le non moins brillant En attendant Bojangles . Avec toute la poésie qu’il faut, point trop n’en faut, Kei Miller supplante les auteurs du genre et montre, si cela était encore nécessaire, toute la mièvrerie d’un Paulo Coelho ici rhabillé pour les hivers à venir. Le vrai alchimiste est là, il est jamaïcain et il a trouvé l’élixir pour nous donner envie de le suivre encore sur la route de Kingston !
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