Attention, petite pépite à l’horizon, en provenance directe d’Afrique du Sud : Lettres it be est allé découvrir le nouveau roman de Steven Boykey Sidley, Harold Cummings prend la tangente publié le 18 octobre dernier aux éditions Belfond. Qu’est-ce qu’il en ressort ? On vous dit tout dans les lignes qui suivent !
# La bande-annonce
Midwest américain, de nos jours.
Harold Cummings a toujours mené une vie rangée, carrée, sans excès ni frissons. Une femme agréable. Deux enfants. Une maison de banlieue. Un chien. Une retraite bien méritée. Mais depuis l’enterrement d’un ami de fac, emporté à soixante ans, quelque chose le hante, lui noue l’estomac, lui torture les méninges : c’est ça, la vie ? Rien d’autre ? Voilà donc la récompense pour être toujours resté du bon côté du chemin ? Une femme qui ne frétille plus pour rien ; des enfants qui se comportent comme des étrangers ; des soirées animées par le programme télé ? Et la faucheuse qui nous happe à peine la retraite commencée ? Sans blague !
La prise de conscience est aussi soudaine que ravageuse. Harold veut vivre ! Gonflé à bloc, le jeune retraité se lance sur les routes du grand frisson. Osera, osera pas ? Descendre des whiskies secs dans les bars malfamés ; rafler les lunettes et le téléphone d’un inconnu ; se faire tatouer « Millie » sur la fesse gauche ; inviter une prostituée à dîner…
Au risque de tout perdre, de voir sa vie dérailler dans les grandes largeurs, Harold envoie tout balader et se découvre un don pour l’aventure qu’il ne soupçonnait pas. Pourra-t-il jamais retrouver ses pantoufles ? L’histoire nous le dira, peut-être…
# L'avis de Lettres it be
D’abord développeur informatique, puis candidat au rêve hollywoodien comme auteur de scénarios avant de se raviser et s’orienter plutôt vers l’écriture et la direction technique de grandes entreprises dans laquelle il officie encore, Steven Boykey Sidley est capable de tout… et assurément du meilleur. Après Borowitz broie du noir publié en France en 2016 déjà chez Belfond et qui avait tôt fait de couronner l’auteur comme l’un des grands espoirs à surveiller (UJ Debut Prize en 2013), le voilà qui récidive avec, cette fois, Harold Cummings prend la tangente.
Une histoire simple : un nobody fatigué, en fin de route, décide de rompre avec son quotidien monotone pour réaliser tout ce qu’il n’avait pu faire avant. Alcool, drogues en tous genres, prostitution, violence… Tout y passe ! Mais jusqu’où tout peut aller quand on s’est définitivement engagé sur le chemin de la liberté à tout-va ? C’est, en quelques mots, le postulat de départ de Steven Boykey Sidley traduit en français par Catherine Gibert. Un postulat on ne peut plus simple, et pourtant un véritable exercice de réflexion et d’écriture. Humour, personnages et éléments d’histoire bien ficelés, contexte bien posé, réflexions solides et pas trop psychologisantes sur la crise de la quarantaine… L’auteur sud-africain coche toutes les cases du roman bien construit, mais aussi et surtout du roman réussi !
On pourrait y trouver toute la délicieuse absurdité d’un Jean-Paul Didierlaurent, on pourrait y déceler la folie douce d’En attendant Bojangles, ou encore l’humour chaleureux du vaudeville… Mais Harold Cummings prend la tangente est bien plus que tout cela à la fois. L’auteur sud-africain, pour son quatrième roman, frappe plus que jamais dans le mille avec une histoire émouvante, drôle et pleine de réflexions sur notre quotidien et sur un passage central de nos existences. Le dosage quasi-parfait de tous les éléments évoqués dans cet article fait, de toute évidence, de Harold Cummings prend la tangente un roman à ne manquer sous aucun prétexte, et un auteur à suivre et découvrir sans plus attendre !
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