Attention : confirmation d’auteure à l’horizon. Gilda Piersanti fait son retour dans les rayonnages de nos librairies avec Illusion tragique, un roman à la croisée des chemins entre thriller psychologique, roman noir et pourquoi pas science-fiction discrète, tout cela publié chez Le Passage (un merci en passant). On vous laisse découvrir tout ça avec cette chronique Lettres it be !
# La bande-annonce
En ce torride mois d’été romain, le petit Mario, dix ans, ne monte pas sur la terrasse de son immeuble pour y prendre l’air, mais pour épier son voisin du dernier étage, monsieur Ruper, un homme sans histoire qui vit seul et mène une vie rangée. Personne ne lui connaît la moindre relation, personne ne l’a jamais vu rentrer chez lui accompagné, et pourtant… Tous les soirs, Mario l’observe dans sa baignoire en train de coiffer et de savonner une très jolie jeune femme.
Son ami Riccardo et lui ont décidé d’aller libérer la princesse, parce qu’il n’y a pas d’autre explication : monsieur Ruper l’a enfermée chez lui, elle est sa prisonnière ! Le plus difficile, toutefois, n’est pas de s’introduire dans l’appartement de monsieur Ruper, mais d’en sortir une fois qu’on y est entré…
Dans ce thriller de l’enfance menacée, Gilda Piersanti interroge les méandres infinis de la perversité. Devenir la proie d’un pervers est une malédiction, une vie entière ne suffit pas pour y échapper. Illusion tragique nous entraîne dans une intrigue aux retournements imprévisibles, comme un labyrinthe dont le tracé se recompose à chaque détour, jusqu’au dénouement… inimaginable.
Car la réalité à laquelle nous nous croyons solidement ancrés se révèle parfois n’être que faux-semblant. Le réveil sera alors sanglant, forcément sanglant.
# L’avis de Lettres it be
Avant de se livrer corps et plume à l’écriture, Gilda Piersanti suivait des études en architecture. Un souci du détail, un souci de la construction que l’on retrouve dans ses romans, des livres plusieurs fois primés et reconnus (prix SNCF du polar européen en 2007 pour Bleu catacombes, adaptation pour la télévision de Rouge abattoir en 2003). Une fois de plus, Illusion tragique n’échappe pas à la règle et présente une construction dite « chorale », tout un enchevêtrement de personnages, de situations qui s’avèreront très vite n’être pas si éloignées que cela. Et puis l’Italie comme cadre pour accueillir une histoire, c’est toujours du plus bel effet (on pense aux Enfants de Venise de Luca di Fulvio, évidemment).
Le petit Mario, Ruper, Riccardo, la narratrice … Peu aisé de ne pas se perdre dans ce roman aux multiples personnages. Et pourtant, la cordée proposée par Gilda Piersanti se suit sans grand problème et nous hisse au sommet d’un roman sombre, très sombre. L’ambiance est pesante, lourde, d’emblée. Impossible de ne pas penser à tous ces autres livres où la frontière fiction/réalité est évoquée, où l’écrivain frôle dangereusement le côté sombre de ses écrits, où l’être se noie dans l’étant. Mais malgré une resucée courante en littérature et ailleurs, l’intrigue est solide, captivante, sordide et crasse. Tout ce qu’on aime !
Allez, petit point noir tout de même : on regrettera des curseurs parfois poussés au maximum sur certains personnages, en particulier l’affreux jojo qui sert ici de voisin : Monsieur Ruper. Atroce, ignoble, horrible … Les qualificatifs ne manquent pas pour un personnage qui tient plus de la personnification des plus gros maux de l’humanité que d’un personnage de fiction crédible. Mais au-delà de ce détail, c’est un franc plaisir que de lire ce dernier livre de Gilda Piersanti.
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