"Un éléphant, ça danse énormément" d'Arto Paasilinna : Sauts de puce pachydermique
Arto Paasilinna, un nom qui résonne de plus en plus dans les bibliothèques et les librairies d’ici et d’ailleurs. Après le succès rencontré avec Petits suicides entre amis ou encore Le Lièvre de Vatanen publié en France en 1989, le voilà qui revient avec Un éléphant, ça danse énormément publié chez Denoël. Un énième succès ou une arrivée en bout de course ? Lettres it be vous en dit plus.
# La bande-annonce
Emilia est un prodige des arts forains. Belle éléphante de trois ou quatre tonnes, elle maîtrise mille acrobaties et danse la troïka et le gopak à la perfection. Son spectacle ravit aussi bien les spectateurs de son cirque que les passants dans les gares ou les passagers du Transsibérien.
Mais les lois se durcissent en matière de spectacle animalier, et Emilia, en sa qualité d’éléphante, se retrouve brutalement au chômage… Lucia, sa dompteuse, ne peut se résoudre à abandonner son acolyte pachydermique, et c’est ainsi que démarre leur improbable périple, de ferme en ferme dans les forêts de Finlande, jusqu’à un cargo en partance pour l’Afrique. Petit à petit, les personnages les plus farfelus se pressent autour de l’adorable bête, chacun portant secours à ce pachyderme rempli de tendresse qui partout où il passe sème l’enchantement et la zizanie.
Entre deux amourettes, Lucia et Emilia s’embarquent dans des dizaines de mésaventures plus insolites les unes que les autres…
# L'avis de Lettres it be
La fuite à travers champs d’une dompteuse et de son éléphante danseuse, des rencontres par-ci par-là avec des personnages surprenants, d’improbables péripéties, une envie d’Afrique … Arto Paasilinna met le paquet dans son nouveau roman Un éléphant, ça danse énormément publié chez Denoël. Des thématiques diverses s’entrecroisent autour d’un duo farfelu mais bien posé sur fond d’une Finlande que l’on voit une fois encore dépeinte par Paasilinna. Les personnages rencontrés ramènent sur le tapis des facettes et des thématiques que l’on retrouve là encore assez souvent sous la plume d’Arto Paasilinna (la folie, l’amour éperdu, l’envie de liberté etc.). Rien de bien nouveau donc à l’horizon. Sauf que, comme rarement, l’aventure va vite tourner court et l’auteur finlandais va s’empêtrer dans une facilité un brin convenue qui peine à tenir en haleine.
Arto Paasilinna rate le coche. Les habitués de l’humour grinçant de l’auteur finlandais n’y retrouvent pas leur compte. Un éléphant, ça danse énormément part pourtant d’un bon présupposé et profite d’une base narrative solide et pleine de possibilités mais qui s’étiole trop vite, bien trop vite. Les péripéties s’enchaînent avec la volonté d’être aussi truculentes et décalées que dans L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA ou encore Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. Mais là, le duo Emilia – Lucia ne prend pas, il est bien trop lisse, trop éloigné, malgré les multiplies rencontres faites en chemin. Dans le même registre pachydermique, on pense inévitablement au récent Eléphant de Martin Suter qui avait brillé lors de la rentrée littéraire de septembre 2017. Mais là où Martin Suter livrait un récit abouti, tantôt drôle et réflexif, Arto Paasilinna mise sur le comique en ne touchant que trop rarement la cible. Petite déception alors que l’on gardait de très bons souvenirs de Petits suicides entre amis ou encore du Lièvre de Vatanen. Rendez-vous au prochain livre ?
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Jostein (vendredi, 23 mars 2018 14:44)
Mon préféré reste La forêt des renards pendus. Mais il me semble n’avoir jamais lu Petits suicides entre amis. Enfin, on passe toujours un bon moment avec Paasilinna
Cinéphile doux (vendredi, 06 avril 2018 10:06)
Ce n'est pas précisément un "nouveau" roman puisque la parution date de 2005 en Finlande. Les livres de Paasilinna arrivent dans le désordre en France. Un éléphant ça danse ... est loin d'être le meilleur Paasilinna, notamment du point de vue du style, mais comme l'écrit Jostein, on passe toujours un bon moment avec l'écrivain finlandais.