Après des poèmes et des romans pour la jeunesse, Emmanuelle Caron déboule dans le paysage du roman en signant Tous les âges me diront bienheureuse publié chez Grasset. Une intrigue brumeuse servie dans un roman qui tend à retracer le destin d’une femme, à travers les yeux de sa descendance, une femme à mi-chemin entre La Mariée de Tarantino et la mère de Christmas dans Le gang des rêves à qui la vie ne pardonne rien. Tout un programme. Lettres it be vous en dit plus !
# La bande-annonce
Qui est Ilona Serginski ? Qui est cette vieille femme, que sa petite fille, Eva, croit si bien connaître, et qui vit recluse dans une maison de retraite bretonne ? Aux portes de la mort, Ilona se met à parler une langue inconnue et réclame un prêtre pour confesser les crimes d'une existence dont il apparaît soudain que personne n'a démêlé les secrets. D'où vient-elle vraiment, quelle est son histoire ? Pour y répondre, il faudra plonger dans les replis de la tragédie russe et soviétique, et suivre la lignée d'Ilona, depuis les remous de la guerre civile en 1917, jusqu'à aujourd'hui. Traversant tous les âges, Ilona sera tour à tour la fille adorée d'un assassin, l'idole prostituée d'un ogre mafieux et la mère sacrifiée d'une enfant trop brillante.
Ce premier roman dévoile le destin d'une femme, emblème de son siècle passionné et violent.
# L’avis de Lettres it be
Emmanuelle Caron signe un nouveau roman chez Grasset pour cette rentrée littéraire 2017, comme ce fut le cas pour Emmanuel Brault avec Les Peaux rouges et, force est de constater que les éditeurs de la rue des Saints-Pères ont eu le nez creux. Emmanuelle Caron embarque le lecteur à travers de nombreux sentiments différents, tout cela d’une main de maître qui semble s’être toujours épanouie dans l’art du roman. Saisissant de fraîcheur.
Plusieurs personnages ponctuent ce roman et offrent autant d’aspérités à un livre qui aurait pu n’être retenu dans les esprits que pour le récit filial qu’il offre. Ce Siméon, prêtre d’origine africaine ayant baigné dans la culture communiste profonde, comme le gage de paix dans un monde torturé ; ce Gleb comme trait d’union charnel complexe entre Ilona et sa fille … Même si, finalement, peu de personnages se retrouvent ici sous la plume d’Emmanuelle Caron, tous offrent un nouveau monde à découvrir, nouveaux mondes qui assemblent un univers romanesque puissant et qui s’impose directement comme une belle découverte de cette rentrée littéraire 2017.
Mais ce qui surprend véritablement dans ce roman, c’est bel et bien l’intrigue. Toujours couverte d’un épais brouillard, cette intrigue ne se démêle que dans les trente dernières pages, pour ouvrir sur un questionnement filial qui évite l’écueil du larmoyant et du pathos pour tous. L’honnêteté nous pousse à confier cela : c’est en abordant le milieu du roman que l’ennui pouvait commencer à se faire entrevoir, le roman n’offrant qu’un timide aperçu de sa finalité et de l’intensité de son intrigue jusqu’alors. Et pourtant, comme un brutal revirement, Emmanuelle Caron nous a conservés dans ses filets de plume pour nous emmener jusqu’à la dernière page, tournée avec regret tant il devenait impossible de cesser de lire la vie au-dessus de l’épaule d’Eva.
Un doux coup de cœur à découvrir !
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