"M, le bord de l'abîme" de Bernard Minier : GAFA are watching (and killing) you

M, le bord de l'abîme est le nouveau thriller de Bernard Minier publié chez XO Editions
M, le bord de l'abîme est le nouveau thriller de Bernard Minier publié chez XO Editions


On l’attendait. Après Sœurs paru l’année dernière chez XO Editions, Bernard Minier l’avait annoncé : il reviendrait bientôt plus fort, plus sombre et ce dès le 21 mars 2019. La date était attendue. Avec M, le bord de l’abîme, l’auteur biterrois se réinvente autour d’un nouveau thriller à la sauce hong-kongaise et connectée. Tremblez Zuckerberg et consorts !



 

# La bande-annonce

 

Pourquoi Moïra, une jeune Française, se retrouve-t-elle à Hong Kong chez Ming, le géant chinois du numérique ?
Pourquoi, dès le premier soir, est-elle abordée par la police ?
Pourquoi le Centre, siège ultramoderne de Ming, cache-t-il tant de secrets ?
Pourquoi Moïra se sent-elle en permanence suivie et espionnée ?
Pourquoi les morts violentes se multiplient parmi les employés du Centre – assassinats, accidents, suicides ?

 

Alors qu’elle démarre à peine sa mission, Moïra acquiert la conviction que la vérité qui l’attend au bout de la nuit sera plus effroyable que le plus terrifiant des cauchemars.

 

Vertigineux et fascinant

 

 

Le roman d’un monde en construction, le nôtre, où la puissance de la technologie et de l’intelligence artificielle autorise les scénarios les plus noirs. Bienvenue à Hong Kong. Dans la fabrique la plus secrète du monde. Chez M… Au bord de l’abîme…

 

 

# L’avis de Lettres it be

 

 

Martin Servaz et son rival préféré Julian Hirtmann, Vincent, Irène et les autres… Avec M, le bord de l’abîme, autant le dire tout de suite : Bernard Minier marque une nouvelle rupture dans son œuvre. Une putain d’histoire en 2015 (XO Editions) avait déjà été l’occasion de quitter, pour le temps d’un livre, le commandant Servaz. L’auteur récidive pour nous embarquer loin, peut-être aussi loin que nous n’avons jamais été à bord de sa plume. Direction Hong-Kong et « le Centre », headquarter ultra-moderne de la compagnie Ming, pendant fictif des Apple, Facebook et autres nouveaux maîtres du monde 2.0.

 

 

 

C’est la toile de fond de ce nouveau Minier : pénétrer par la grande porte de l’imagination ce qui peut se passer dans les coulisses de ces nouveaux géants nés par et pour Internet. Une entreprise originale et qui nous fait découvrir de nouvelles ambitions d’un auteur qui prouve toute sa capacité à se réinventer. Les fantasmes vont bon train au sujet des GAFA et de leurs turpitudes, et Bernard Minier pose les bases : « Toutes les technologies décrites dans ce roman existent ou sont en cours de développement ». On embarque dans ce livre. Et on peut déjà commencer à trembler…

 

Bernard Minier
Bernard Minier

Comme d’habitude, l’enquête est fouillée, le rythme bien tenu, les personnages posés d’emblée avec brio, on vibre dans les rues de Hong-Kong et au gré des courses poursuites et visites dans les arrière-cuisines des bordels locaux. Difficile de ne pas se confondre à nouveau en éloges tant Bernard Minier est constant dans le plaisir littéraire qu’il nous procure livre après livre. Ce nouveau thriller n’a rien à envier aux précédents. On se répète, mais on le dit : quelle lecture, quel plaisir une fois encore !

 

 

M, le bord de l’abîme n’a pas la puissance anticipatoire d’un 1984. Ce thriller n’a pas non plus la noirceur des enquêtes avec lesquelles Bernard Minier a conquis son grandissant lectorat jusqu’à présent. Ce livre trace sa propre route. L’angoisse monte au fur et à mesure des chapitres, d’abord grâce à l’inévitable talent d’un auteur que l’on découvre ici sous un nouveau jour crépusculaire, mais aussi et surtout parce qu’il s’agit de nous. M, le bord de l’abîme parle de nous, de notre société, de notre époque.

 

 

Bernard Minier est, avec quelques autres qui se comptent sur les doigts d’une main, le patron du thriller à la française. Olivier Norek, autre membre de cette belle famille, avait réussi son tour de force en proposant le magnifique Entre deux mondes, un virage à 180° dans sa bibliographie. Bernard Minier en fait de même, dans un autre registre, confirmant par la même occasion sa capacité à s’emparer d’un sujet aussi facilement qu’un Amazon ou un Facebook s’empare de nos données.

 

 

 

On ferme ce livre. On tourne la dernière page. On regarde son téléphone qui vient de vibrer, posé sur la table où trône fièrement la tablette. On regarde le tableau. Et Bernard Minier vient de nous faire peur. Pour de vrai.

 


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