Deuxième interview de Karine Giébel pour Lettres it be. Après celui autour de D'ombre et de silence, un brillant recueil de nouvelles, la reine du thriller à la française revient avec Toutes blessent, la dernière tue. Elle nous en dit un peu plus dans les lignes qui suivent.
Bonjour et merci de prendre part à cette interview pour Lettres it be. Nous avions la chance de vous interviewer il y a quelques mois au sujet de votre dernier recueil de nouvelles, D’ombre et de silence paru chez Belfond. Cette fois, vous revenez avec Toutes blessent, la dernière tue. Quelques mots pour présenter ce thriller ?
Deux histoires en parallèle : celle de Tama, jeune esclave, exploitée dans différentes familles… Les épreuves qu’elle traverse, ses espoirs, ses rêves, toutes les rencontres (bonnes ou mauvaises) qu’elle va faire…
Et puis l’histoire de Gabriel, un homme qui vit loin des autres, un homme solitaire et dangereux qui, un jour, va trouver une jeune femme blessée et amnésique. Que va-t-il faire d’elle ?
Vous vous penchez sur l’esclavage moderne, une thématique sociale existante, très grave et pourtant trop occultée. Comment êtes-vous parvenue à vous intéresser à ce thème ?
Je m’y intéresse depuis longtemps, j’ai beaucoup lu sur ce sujet qui m’interpelle, jusqu’à me sentir prête à l’aborder dans un roman. J’ai alors mené une enquête plus précise sur l’une des facettes de ce malheureusement vaste sujet : la servitude domestique.
Ce qui m’intéressait, c’était bien sûr l’esclavage en lui-même, mais aussi le trafic et qui l’alimente. Ce qui m’intéressait également, c’était d’écrire sur les mécanismes de l’asservissement…
Quelles ont été les personnes qui ont pu vous aider dans la construction de cette histoire pour garder toujours un pied dans le réel et éviter de « fantasmer » ou du moins de trop imaginer les situations que vous décrivez dans votre livre ?
Après la lecture de témoignages, j’ai contacté une association, l’OICEM (Organisation Internationale Contre l’Esclavage Moderne) et j’ai ainsi pu parler longuement avec sa Présidente qui m’a apporté une aide précieuse, partageant avec moi son expérience.
Dans Toutes blessent, la dernière tue, nous suivons le destin croisé de plusieurs personnages. Comment faites-vous pour construire les caractères et les profils de chacun de vos personnages ? Vous inspirez-vous de rencontres diverses ou n’est-ce là que le fruit de votre imagination ?
Les personnages sont tous nés de mon imagination… Au début, ils sont un peu flous, mais au fil des pages, je leur construis une personnalité, un passé et ils prennent vie progressivement sous ma plume.
Vous faites le pari d’un véritable « pavé », d’une histoire qui s’étend sur plus de 700 pages. Pourquoi cette envie de prendre le temps, de laisser toute la place nécessaire à votre histoire pour s’exprimer ?
Lorsque je commence un roman, j’ignore combien de pages il fera. Et je laisse faire mon imagination, mon inspiration… Je ne me bride pas sur le nombre de pages, je prends le temps qu’il faut pour développer mon histoire, mes différents personnages… J’ai écrit des romans courts, d’autres plus longs, c’est vraiment en fonction de l’histoire !
D’ailleurs, et malgré l’importante taille de votre livre, vous parvenez à maintenir un rythme haletant, captivant du début à la fin. Quels sont vos secrets pour construire vos histoires de sorte à ne jamais laisser l’ennui pointer le bout de son nez ?
La première règle, je crois, c’est que l’auteur ne s’ennuie pas ! Chaque mot, chaque phrase, doit avoir son utilité, sa raison d’être. Un livre, c’est aussi un rythme, une musique, avec des moments plus calmes, d’autres plus rapides. Surtout, il ne faut pas « se regarder écrire », autrement dire écrire des passages qui seraient là pour « remplir un vide ». Servir ses personnages et son histoire, simplement.
A l’image de Stephen King qui publie un thriller écrit à quatre mains avec son fils Owen, seriez-vous tentée par une telle expérience ou préférez-vous vivre l’aventure de l’écriture en solitaire ?
Pour le moment, je ne suis pas tentée par cette expérience, mais ça viendra peut-être un jour… Un roman est une chose très personnelle pour moi…
Déjà une idée pour votre prochain livre ?
Absolument aucune !
Passons maintenant à des questions un peu plus légères pour en savoir plus sur Karine Giébel la femme et Karine Giébel l’auteure :
Le livre à emporter sur une île un peu déserte ?
Un carnet aux pages blanches (ainsi qu’un stylo, bien entendu !!)
L’auteur(e) avec qui vous voudriez discuter autour d’une bière ?
Stephen King.
Votre passion un peu honteuse ?
Aucune, bien entendu !!
Le livre que vous auriez aimé écrire ?
Des souris et des hommes.
Le livre que vous offririez à un inconnu ?
Seul le silence.
Ecrire : tard la nuit ou tôt le matin ?
Tard la nuit, sans aucune hésitation !
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